Beschreibung:
L'histoire de la criminalité connaît un développement continu qui traduit sans doute la préoccupation de notre époque devant la montée des statistiques criminelles, la prise de conscience plus profonde de l'existence de ghettos de marginaux dans les villes et l'intensité des contestations sociales et politiques récentes. Sur le plan international, les historiens de la criminalité commencent à proposer des schémas généraux et à fixer des jalons chronologiques, signe que leurs études ont atteint le stade de la maturité. On parle de criminalité « pré-industrielle » et « industrielle », cette distinction évoquant d'une part, les sociétés où l'application de la loi dépend des réactions de la communauté ou de l'individu et, d'autre part, celles où la loi repose sur des organes spécialisés extérieurs, force de police moderne et appareil judiciaire, qui dégagent la responsabilité de l'amateur privé et font de la répression des délits une affaire publique. Une telle distinction mérite quelque attention. Lorsqu'on étudie les archives criminelles d'une société comme la société française du xviiie siècle, les organismes spécialisés comptent une maréchaussée de 4 000 policiers pour une population de 28 millions d'habitants (soit 1/7 000) en 1789 ; on est donc en droit d'insister sur le rôle essentiel que jouent la communauté et l'individu dans la sélection des cas qui devaient être portés devant les tribunaux.