• Media type: E-Article
  • Title: Premières observations sur le gisement gravettien à statuettes féminines d’Amiens-Renancourt 1 (Somme)
  • Contributor: Paris, Clément; Deneuve, Émeline; Fagnart, Jean-Pierre; Coudret, Paule; Antoine, Pierre; Peschaux, Caroline; Lacarrière, Jessica; Coutard, Sylvie; Moine, Olivier; Guérin, Gilles
  • imprint: PERSEE Program, 2017
  • Published in: Bulletin de la Société préhistorique française
  • Language: French
  • DOI: 10.3406/bspf.2017.14801
  • ISSN: 0249-7638
  • Origination:
  • Footnote:
  • Description: <jats:p>Le quartier de Renancourt, situé à l’ouest de la ville d’Amiens, est connu dans la littérature archéologique depuis le début du XXe siècle par les travaux de V. Commont menés dans «l’ancienne briqueterie Devalois» . Jusqu’à une date récente, ce gisement de plein air est resté l’un des rares témoignages du Paléolithique supérieur ancien pour l’ensemble de la région loessique du Nord de la France. À partir des années 1990 et plus particulièrement dès 2010, la découverte de plusieurs gisements dans le cadre de l’archéologie préventive a permis de mieux documenter et d’enrichir notre connaissance de cette période. En 2011, une nouvelle concentration de vestiges, découverte à proximité immédiate des premières fouilles de V. Commont a été mise au jour lors d’un diagnostic archéologique lié à un projet d’aménagement. Ce gisement, désormais appelé Amiens-Renancourt 1, fait l’objet depuis 2014 de campagnes de fouilles programmées annuelles. L’occupation archéologique, située à 4 m de profondeur, est incluse dans un gley de toundra. L’ensemble de la séquence loessique, d’une puissance d’environ 8 m, correspond en grande partie au Pléniglaciaire supérieur weichselien. Les premières observations taphonomiques témoignent d’une nappe de vestiges rapidement recouverte par la sédimentation loessique. Six datations 14C sont maintenant disponibles et placent l’occupation entre 22000 et 23000 BP, soit aux alentours de 27000 ans cal. BP. La surface fouillée couvre actuellement 41 m2. Le mobilier lithique et osseux, particulièrement riche, s’organise en différentes concentrations dont certaines peuvent atteindre plusieurs centaines de vestiges au mètre carré. Les restes osseux sont assez bien conservés et parmi le spectre faunique, le cheval apparaît comme l’espèce dominante. L’industrie lithique est réalisée dans un silex d’excellente qualité, disponible aux abords immédiats du site. Elle est caractérisée par une production de grandes lames, dépassant parfois les 20 cm, obtenues au percuteur organique tendre, pour la fabrication de l’outillage commun mais également de quelques armatures (pointes de la Gravette). Une production lamellaire autonome est dévolue à la fabrication des armatures composées de fragments de pièces à dos à retouche abrupte et de quelques microgravettes. À ces vestiges s’ajoute la découverte exceptionnelle de plusieurs statuettes féminines en craie et d’éléments de parure qui font l’objet d’une première description dans le cadre de cet article. Les statuettes, entières ou fragmentées, sont de dimensions variées. Elles partagent les mêmes particularités stylistiques, à savoir des caractères féminins exagérément prononcés avec une poitrine souvent opulente et des fesses parfois projetées vers l’arrière. Réalisées dans une craie assez tendre, l’état de conservation souvent fragmentaire de ces représentations humaines autorise cependant une bonne lecture des stigmates de fabrication. Compte tenu du matériau utilisé, la reconstitution de la chaîne opératoire de fabrication de ces statuettes pourra aisément inclure la réalisation de tests expérimentaux et apporter des hypothèses d’interprétation quant à la fragmentation de ces objets mobiliers. Le site a également livré des parures sous forme de rondelles en craie percées et parfois rainurées sur leur pourtour. Plusieurs moules internes silicifiés de Turritelles peuvent également être rapprochés de cette catégorie des parures. Ils proviennent probablement des affleurements lutétiens de la vallée de l’Aisne ou de la Marne, situés à environ 100 km au sud-est du gisement. La poursuite des recherches sur un gisement bien conservé comme celui d’Amiens-Renancourt 1 contribuera à une meilleure connaissance du peuplement et du modèle socio-économique des groupes de chasseurs qui ont occupé le Nord de la France avant le second maximum de froid du Weichselien. Préalablement rapportée au Gravettien final, l’attribution chronoculturelle s’oriente aujourd’hui davantage vers un faciès du Gravettien récent ou récent-final, qui reste à mieux définir.</jats:p>
  • Access State: Open Access