Description:
Deux monographies portant sur le Lanzelet d'Ulrich von Zazikhoven ont paru récemment (Ulrike Zellmann, 1996 ; Nicola McLelland, 2000). La contribution que voici présente la première d'entre elles et en discute la thèse principale. Ulrike Zellmann voit dans le Lanzelet (composé vers 1200) un « abécédaire » de la vie aristocratique laïque. Si intéressant que puisse être à plusieurs égards le travail soumis à discussion, cette proposition ne convainc guère. Ce que l'on croit déceler dans le Lanzelet, c'est plutôt, à l'inverse, un goût prononcé pour ce qu'A. Adler a appelé la « spéculation narrative ». Il se fait jour dans l'architecture du récit, fondée sur les relations qui s'instaurent entre les épisodes matrimoniaux de la biographie du héros et les exigences d'une continuité patrimoniale bien comprise, comme il peut se manifester dans le développement d'une séquence (comme celle de la visite au château de Moreiz) par l'exploitation jubilatoire des potentialités d'une situation narrative. Reste une difficulté d'interprétation importante, qui tient à l'élucidation du rapport existant entre cette construction romanesque de type géométrique (étude de cas de figure, ou recherche du cas-limite : par totale déformation professionnelle, le forestier Galagandreiz confond son château avec une réserve de chasse) et la composition par juxtaposition, très fréquente à la surface du texte (accumulation d'éléments largement autonomes, visiblement censés être intéressants en soi : historiettes, jugements d'amour, mirabilia, etc.).