Description:
Que signifie « vivre la guerre » pour des populations civiles qui voient leur ville devenir un « champ » de bataille ? De nombreux travaux se sont intéressés à la guerre urbaine, devenue incontournable dans les opérations de coercition comme dans celles d’imposition/maintien de la paix. La « guerre urbaine » focalise sur les modalités de combat dans un milieu difficile au cœur des populations. Pourtant, cette approche cache un autre aspect de la guerre dans la ville : celle du vécu des populations qui doivent (sur)vivre. Interroger les civils dans la ville en guerre met en exergue un autre aspect de ces guerres : celles des difficultés quotidiennes d’une population qui doit assurer sa protection, et se retrouve parfois contrainte à quitter la ville. À la fois refuge et cible, la « ville en guerre » est un espace d’enfermement pour les populations civiles, dans lequel s’ancre une géographie de la peur de « l’Autre ». Ce papier propose de confronter les pratiques spatiales et les imaginaires spatiaux, pour montrer les échelles de l’enfermement comme agent de recomposition des territoires vécus, des territoires appropriés, des territoires identitaires, des territoires sociaux et des territoires politiques. Il s’agit non pas de mener une étude de cas, mais de montrer l’enfermement et le repli communautaire comme agents de construction d’une « nouvelle » urbanité et vecteurs de conflictualité dans l’immédiat après-guerre.