L'émergence est une économie politique. Vers une économie politique comparée de l'industrialisation et de la globalisation industrielle en Chine et en Inde
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Media type:
E-Article
Title:
L'émergence est une économie politique. Vers une économie politique comparée de l'industrialisation et de la globalisation industrielle en Chine et en Inde
Contributor:
Ruet, Joël
Published:
CAIRN, 2011
Published in:
Revue internationale de politique comparée, Vol. 18 (2011) 3, Seite 69-93
Description:
Résumé Les économies des pays émergents nécessitent un regard original, qui permet en retour de questionner les approches d’économie comparée du développement et les politiques industrielles comparées. L’objet central de cet article concerne les politiques industrielles et leurs modes de régulation. Ces questions éclairent le capitalisme et en particulier l’économie politique du système capitaliste indien et de ce qu’on appelle avec imprécision le “capitalisme d’État” dans le cas de la Chine. La visée de l’article est de suggérer qu’il faut renouveler le regard sur ces économies politiques. Trois thèses en particulier sont déployées et structurent thématiquement cet article. Pour les deux pays, les politiques industrielles ont procédé -et continuent de le faire d’un système d’encastrement de l’économique au politique et au social. Corolaire de l’assertion précédente, les choix économiques relatifs à l’ entrée de ces deux pays dans la globalisation n’ont pas été la conséquence de mobilisations internes d’acteurs bénéficiant de la globalisation, mais ont plutôt procédé de choix publics. Sans aucunement négliger le rôle des entrepreneurs indiens, il s’agit ici de rappeler leur inscription dans une trajectoire de capitalisme proche des réseaux d’État; pour la Chine il s’agit de pousser l’intéressante thèse d’un capitalisme avec des caractéristiques chinoises (Huang Yasheng) vers la thèse d’un non-capitalisme. Dans les deux cas, la cohésion économique-territoriale et nationale est l’enjeu structurant. Enfin, les industries et entreprises des deux pays font plus que de se multinationaliser, elles se globalisent. En conclusion directe de ces trois thèses, qui toutes posent en somme que les relations économiques dans ces pays ne sont pas stabilisées mais au contraire dynamiques, l’article suggère qu’une économie de l’émergence n’a pas de clôture systémique. Une théorie économique de l’émergence, entendue en tant que système de pensée autonome de la production et des échanges et de leur organisation, rencontre en Chine et en Inde toujours un politique et un social en mouvement. L’économie stricte de l’émergence est impossible ; la pensée de l’émergence est nécessairement une économie politique.