Description:
Les enquêtes de 1809-1811 sur la population agglomérée sont d'intérêt principalement fiscal. Mais, au-delà de cet obiectif, elles tendent à compter la population urbaine sur des bases nouvelles qui sont celles de l'agglomération et non des divisions physiques ou symboliques héritées de la tradition. Par là, la définition géographique de la ville se substitue à des définitions données par le statut, le privilège ou le prestige. De cette estimation de la population agglomérée, on peut tirer une image quelque peu différente de la simple statistique de la population communale : en particulier la densité des petites villes et des bourgs, atteignant 1.000 ou 2.000 habitants agglomérés opposent de vastes zones, qu'il faut sans doute rapporter à l'histoire des relations sociales et des habitudes culturelles plus qu'au niveau de développement. Cette comptabilité démographique est d'autre part comparée aux critères de l'urbain. Sur ce point, si l'on fait place à l'opinion et à la place reconnue par chaque unité comme ville, bourg ou village, l'éclairage est déplacé vers l'activité réelle des villes. Mais celle-ci est jugée d'après la composition sociale plus que d'après la fonction. La limite entre l'urbain et le rural reste caractérisée par la résidence de «propriétaires vivant de leurs rentes» ou par des « bourgeois », sans plus, rentiers eux aussi. Par là se marquent la force dans les représentations de l'époque impériale d'une France terrienne et physiocratique et l'importance de la propriété foncière dans la société urbaine.