Description:
Au coeur du Tchad, le lac Fitri joue un rôle vital pour la proche région sahélienne. Le système d’exploitation conduit par les populations riveraines ou transhumantes en fait une région céréalière excédentaire, concentrant en outre un important cheptel bovin, ovin et caprin. Les faibles pentes de la cuvette du lac, bassin d’épandage du bahr Batha, entraînent d’importantes variations des superficies inondées en fonction des fluctuations du niveau de l’eau. Cette dynamique donne au Fitri sa richesse en tant que zone de culture de décrue, de pâturage de saison sèche, de pêche et de refuge pour l’avifaune aquatique, et jadis, pour les hommes. La gestion de cet écosystème est orchestrée par le sultanat de Yao. Les pratiques locales sont déterminantes pour la préservation de cet environnement. Un calendrier précis autorise l’exploitation successive des ressources naturelles du lac. La pratique de la culture de décrue assure la reconstitution naturelle de la fertilité des sols. La réglementation de l’accès à la terre répartit les charges animales. L’interdiction des moyens modernes de pêche (filets, pirogues) préserve un stock de poissons pour la reproduction, malgré les faibles profondeurs du lac à l’étiage. Celle de la chasse assure la sécurité de la faune sauvage, en particulier celle des oiseaux migrateurs européens qui passent l’hiver dans cette région. Ce système d’exploitation intégrée qui associe pêche, élevage et agriculture, fonctionne tant que l’écosystème-lac est respecté, que la pression humaine n’est pas trop forte, et que les structures sociales traditionnelles conservent sens et dynamique. Il représente un modèle remarquable de gestion des milieux lacustres à étudier dans l’optique d’une transposition aux milieux sahéliens analogues. Les limites en sont cependant nombreuses et sa fragilité certaine. Son bon fonctionnement repose en effet sur les apports d’eau aléatoires du Batha, la cicatrisation des milieux et le rétablissement des rythmes et parcours de transhumance à la suite des récentes sécheresses, de manière à réduire la pression sur les bourgoutières. L’extension des terres cultivées par les riverains et ses effets dévastateurs doivent être contrôlés par la mise en place d’un bon encadrement agricole.
Perfect integration or integration model ? Environmental management in lake Fitri (Tchad). Lake Fitri, situated in the centre of Chad, plays a vital role for the neighbouring Sahelian region. The exploitation system carried out by the lakeside or transhumant inhabitants in a region with surplus cereal production concentrates, instead, on a large-scale stock rearing of cattle, sheep and goats. The gentle slopes of the lake basin, effectively create a dung receptacle for the bahr Batha and significant changes take place in the flooded areas, according to the water level. This dynamic system explains the richness of Lake Fitri with its agriculture associated with flood water falling, its dry season pastures, its fishing, and refuge for aquatic avifauna, and in former times, for human beings. The management of this ecosystem is conducted by the Sultanate of Yao, and local customs ensure the preservation of the environment. An exact timetable allows continuous exploitation of the lake's natural resources. The practice of falling-flood cultivation ensures the natural regeneration of the soil's fertility. The rule of access to the land evenly distributes the animal stocking rate. The banning of modem fishing methods (ie. nets, canoe) maintains a breeding stock of fish, in spite of the shallowness of the lake in the dry season. A ban of hunting ensure the safety of wild avifauna, particularly of migratory European birds over-wintering in the area. This integrated system of exploitation linking fishing, stock-rearing and agriculture, continues to function as long as the lake ecosystem is respected, while the human population pressure is not too strong and while the traditional social structure maintains its meaning and vitality. It represents a remarkable example of management study of a lakeside environment to be repeated in other comparable Sahelian situations. However, it has many limitations and undoubted fragility. Its successful operation depends effectively on the uncertain water supply of the Batha River, the recovery of the environment and the reestablishment of the rythms and routes of transhumance which has been disorganised following the recent droughts, so that pressure on the “bourgoutieres” is reduced. Uncontrolled extension of cultivated land, with its resultant devastation must be prevented by appropriate agricultural training.