Description:
Cet article donne une interprétation théorique d'ensemble des comportements des entreprises publiques. Il montre tout d'abord l'incapacité des analyses et des modèles économétriques traditionnels à rendre compte globalement de ces comportements, dont les trajectoires se sont avérées fluctuantes, complexes et s'écartant parfois très sensiblement de celles des entreprises privées au cours des dernières décennies. La formalisation bute en effet sur le caractère polymorphe des comportements des entreprises publiques : ceux-ci dépendent de la confrontation d'options différentes d'un État actionnaire cherchant à les impliquer dans des "missions publiques" (au rang desquelles figurent la stimulation de l'activité économique ou le desserrement de la contrainte budgétaire) et d'un management soucieux d'émancipation. Plus explicitement, ces comportements sont la résultante de la coexistence de déterminants idéels (de représentations) et de déterminants matériels (de facteurs objectifs) qui conditionnent les relations État-management. Les déterminants idéels correspondent tout d'abord aux cycles des représentations économiques dominantes qui influent sur le comportement de l'Etat à l'égard de ses entreprises. Les représentations que se font les autorités du rôle des entreprises publiques dans la reproduction politique en constituent un second aspect. Enfin, l'image des entreprises publiques dans l'appareil d'Etat est également influente. Quant aux déterminants matériels, ils correspondent d'une part à la situation économique et au type de déséquilibre du moment. Ce sont, d'autre part, les contraintes propres des entreprises publiques. Leur situation financière (très dépendante des sollicitations précédentes de l'Etat) conditionne largement leur aptitude à répondre à différentes missions publiques, tout comme leur positionnement sectoriel (à travers le degré de concurrence et la demande potentielle qui en résultent).