• Medientyp: E-Artikel
  • Titel: La parenté formelle des grottes de Lascaux et de Gabillou est-elle formellement établie ?
  • Beteiligte: Petrognani, Stéphane; Sauvet, Georges
  • Erschienen: PERSEE Program, 2012
  • Erschienen in: Bulletin de la Société préhistorique française
  • Sprache: Französisch
  • DOI: 10.3406/bspf.2012.14170
  • ISSN: 0249-7638
  • Entstehung:
  • Anmerkungen:
  • Beschreibung: <jats:p>L’idée, très consensuelle, que les grottes ornées paléolithiques de Lascaux et de Gabillou (Dordogne) sont étroitement apparentées repose sur des arguments thématiques et stylistiques. Pourtant, les données archéologiques en faveur de leur stricte contemporanéité ne sont guère probantes puisque les datations récentes par AMS indiqueraient un écart de 1 600 années calendaires. Pour estimer quantitativement le degré de similarité des deux grottes, une étude statistique de 51 représentations de chevaux complets (13 provenant de Gabillou et 38 de Lascaux) décrits à l’aide de 25 critères morphologiques a été entreprise. Les critères concernent la présence des organes sensoriels (oeil, naseau, bouche, oreille), la crinière, la queue, le nombre de membres par paire et leur perspective, le traitement des extrémités, l’animation et la tendance à la microcéphalie. L’analyse factorielle des correspondances et la classification hiérarchique ascendante séparent nettement les chevaux de Gabillou et ceux de Lascaux. La différence essentielle provient du traitement des membres (pattes complètes en perspective naturelle pourvues de sabot et ergot, à Lascaux ; un seul membre par paire ou plus rarement deux en perspective frontale, ouvert ou se terminant en pointe, à Gabillou). La microcéphalie, définie comme une tête inférieure à la moitié de sa taille normale (par rapport au cheval de Przewalski pris comme référence) est également un critère exclusif qu’on ne rencontre qu’à Lascaux. La partition des chevaux en un «groupe Gabillou » et un «groupe Lascaux » ne souffre que peu d’exceptions, mais celles-ci sont très intéressantes, car elles concernent des chevaux intégrés dans des compositions par ailleurs homogènes. La présence de chevaux «de type Lascaux » dans certains panneaux de Gabillou et vice versa est un argument très fort en faveur de la contemporanéité des deux sites et d’une influence réciproque des artistes ayant exercé majoritairement dans l’un d’eux. Cela conduit à envisager que Lascaux et Gabillou aient pu fonctionner simultanément, pendant un laps de temps qu’il faudrait vraisemblablement situer à la fin du Solutréen supérieur ou dans un moment très proche de la transition magdalénienne (la date la plus ancienne que l’on possède pour Lascaux, 18600 BP soit 22220 cal BP, étant compatible avec cette fourchette). Dans cette hypothèse, le style de Gabillou serait représentatif des manières de faire usuelles de l’époque (par comparaison avec Ebbou, Cosquer, Foz Côa, Le Parpalló, etc.), tandis que Lascaux appartiendrait à une mouvance plus innovante qui aurait choisi de développer systématiquement la perspective des membres et d’accorder le plus grand soin à la figuration des extrémités. De telles innovations sont sans doute à mettre en relation avec les sculptures du Roc-de-Sers et du Fourneau-du-Diable, ce qui confirmerait leur origine solutréenne. Dans ce schéma, les différences formelles que l’on constate entre les deux sites doivent être comprises comme le moyen utilisé par deux groupes très proches culturellement et appartenant sans doute au même réseau d’organisation sociale, pour maintenir leur autonomie et affirmer leur indépendance au moyen de marqueurs stylistiques identitaires. Le fait que Lascaux et Gabillou se trouvent dans des vallées différentes, à 60 km l’une de l’autre, rend ce modèle vraisemblable. Les observations réalisées nous invitent en outre à réfléchir sur la place de la forme et du style dans la signification de l’art paléolithique. Il est difficile de croire que l’introduction d’une figure d’un style «exogène » dans un groupe de chevaux homogènes d’un autre style soit dépourvue de sens. Le style intervient vraisemblablement comme un trait sémiologique pertinent servant à distinguer les groupes. Ces traits distinctifs sont sans doute à corréler avec d’autres différences qui rendent les deux grottes complémentaires comme la monumentalité de Lascaux face à l’intimité de l’étroite galerie de Gabillou, l’abondance des rennes dans la seconde et leur rareté dans la première.</jats:p>
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