Beschreibung:
À partir des résultats obtenus lors de la fouille partielle d’un édifice monumental durant la campagne programmée menée en 2018 sur le plateau de Corent, cet article propose de faire le point sur les bâtiments circulaires néolithiques de type Auneau et l’état des connaissances relatif aux occupations du plateau durant le Néolithique. Corent est connu depuis le XIXe siècle pour ses nombreux vestiges datant du Néolithique à l’époque romaine. Depuis 2001, des fouilles programmées ont permis d’étudier des vestiges archéologiques sur près de 3 ha. Une fenêtre de fouille a été ouverte dans le quart nord-est d’une tranchée circulaire repérée en prospection aérienne. Cette anomalie avait été interprétée dans un premier temps comme les vestiges d’un monument funéraire protohistorique. La fouille a rendu caduque cette hypothèse et permis de reconnaître un édifice circulaire monumental de 20 m de diamètre, rattachable au type d’Auneau, et bâti sur des poteaux disjoints installés dans des tranchées de fondation ; une tranchée de refend décentrée et à interruption centrale divise l’intérieur du cercle en deux parties inégales. Une datation radiocarbone sur charbon (4336 -4076 cal BC) et le mobilier permettent d’attribuer l’édifice au Chasséen ancien méridional. Cette découverte sur le plateau de Corent est remarquable pour la région car les rares bâtiments néolithiques fouillés en Auvergne jusqu’à présent ne présentent pas ce type de plan. Elle n’est pas isolée puisqu’un cliché aérien révèle un autre édifice circulaire de type Auneau aux Martres-de-Veyre, en contrebas du plateau de Corent, au bord de l’Allier, peut-être dans une enceinte. Pour des exemples fouillés, il faut chercher des éléments de comparaison (une trentaine de bâtiments connus) dans la moitié nord de la France – Bassin parisien et ses marges occidentales – mais les édifices de Corent et des Martres-de-Veyre étendent désormais nettement vers le sud cette distribution. Par ailleurs, l’édifice de Corent n’est pas isolé sur le plateau. Outre du mobilier erratique et quelques structures du Néolithique moyen et final, les tronçons d’une enceinte à triple palissade de poteaux non jointifs ont été mis au jour à plusieurs reprises. Ces découvertes témoignent du statut particulier qu’avait le site de Corent au Néolithique moyen et de la complexité des habitats et des modalités d’occupation territoriale des sociétés de cette époque en basse Auvergne. Plus largement, elle révèle une fois de plus la situation charnière de cette région d’un point de vue culturel.