Beschreibung:
Comprendre les modèles constitutionnels et les types de démocraties qui leur sont associées, dans l'Europe de l'Est d'aujourd'hui, suppose d'explorer la mise en œuvre (implementation) de ces modèles. La recherche présente une lacune en cette matière, non seulement en raison des difficultés inhérentes à l'analyse de diverses questions associées à cette mise en œuvre, mais aussi parce que les politologues spécialisés dans ce domaine ont été, jusqu 'il y a peu, davantage intéressés par les problèmes de « création » d'un système politique, c'est-à-dire par le même type de problèmes que celui qui retient l'attention des élites politiques de ces pays. L'ambition de cet article est de combler cette lacune. S'appuyant sur l'expérience empirique des pays de l'Europe du Sud, l'auteur, dans la première partie, passe en revue les principaux aspects théoriques de la question. Il y propose également une distinction entre les architectures constitutionnelles « manipulatives » et les architectures « neutres ». Dans la deuxième partie sont décrites les architectures constitutionnelles de dix pays est-européens (Bulgarie, République tchèque, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne, Roumanie, Slovaquie, Slovénie) ; ces architectures sont mises en relation avec les principaux problèmes de leur mise en œuvre. L'analyse empirique suggère quelques conclusions : le meilleur modèle, d'unpointde vue théorique, correspondau résultat spécifique d'une rencontre entre les réalités politiques et les choix effectués par les élites ; une architecture « manipulative » constitue le meilleur modèle lorsqu 'elle est choisie consciemment, et mise en œuvre de façon appropriée par des élites démocratiques privées d'un système de partis fort ; une architecture constitutionnelle « neutre » est la meilleure là où existe un système de partis fort et démocratique ; une architecture « manipulative » combinée à un système de partis fort est gros de risques en raison du potentiel de conflit et de polarisation qu'il comporte ; ce n'est qu'une fois ces dangers surmontés, dans le long terme, que cette combinaison peut se révéler apte à apporter la stabilité ; combinée à un système de partis faible une architecture neutre est jamais souhaitable du fait des inévitables distorsions politiques qui lui sont associées.