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RÉSUMÉ Les travaux de prospective, qui cherchent à éclairer les décisions en s'interrogeant sur les futurs possibles, n'ont pas fart jusqu'à présent l'objet d'analyses rétrospectives qui permettraient de mieux comprendre les "erreurs" de méthode ou d'appréciation qui les caractérisent. Un regard "rétrospectif' sur ces travaux peut permettre de mieux repérer en fonction de quels critères certains paramètres ont été jugés importants et pourquoi d'autres ont été laissés de côté. Nous avons choisi de nous intéresser à un travail de prospective, particulièrement marquant à son époque : Une image de la France en l'an 2000, scénario de l'inacceptable, réalisé par la DATAR en 1971. Il a été réalisé à une période maintenant suffisamment éloignée pour que l'on puisse connaître "la fin de l'histoire". L'analyse rétrospective de ce travail permet de dégager trois conclusions. Tout d'abord les méthodes utilisées conditionnent fortement les résultats : les années 1960 se caractérisaient par la conviction qu'il est possible d'éclairer l'avenir grâce à une analyse fine et rigoureuse des données statistiques qui permettent de repérer à la fois les tendances lourdes et les possibilités de changement. En second lieu, ces travaux sont marqués par les systèmes de pensée dominants de l'époque : deux courants s'imposaient, l'un s'appuyant sur les analyses marxistes pour expliquer les transformations du système capitaliste, l'autre confiant à l'Etat la responsabilité d'orienter l'activité économique. Enfin il apparaît que si ces travaux ont bien anticipé certaines transformations, ils se sont montrés incapables d'anticiper les changements radicaux des modes de vie qui se sont opérés entre 1970 et 2000. Cela pose la question de l'usage qui peut être fait de ces travaux de prospective pour asseoir une politique, de quelque nature qu'elle sort.
ABSTRACT Until now, prospective studies, designed to facilitate decision-making by looking a different future scenarios, have not been the subject of retrospective analysis aimed at understanding the errors of method or evaluation which might characterise them. By using certain criteria, a retrospective view enables the identification of various parameters judged important and others which have been discarded. This article looks at a prospective study which was particularly important in its time (An image of France in 2000 - a scenario of the inacceptable) undertaken by the DATAR in 1971. Sufficient time has elapsed since this study was completed to know the outcome. These conclusions may be drawn from this retrospective analysis. First, the methods used stronly condition the results : the 1960s were characterized by the conviction that it was possible to improve understanding of the future by detailed statistical analysis enabling both the possibilities for change to be identified. Second, these works are characterised by the dominant ideas of the period : two main currents of thought existed - one based on a marxist analysis to explain changes to the capitalist system, and the other attributing the Stat with the responsabilHy for orientating economic activity. Finally, although these studies were able to anticipate certain changes, they were incapable of predicting the major changes in the way of life which occured between 1970 and 2000. This raises the question of the extent to which policies, whatever their nature, can be based on such prospective studies.