• Medientyp: E-Artikel
  • Titel: Prosodie, expérienciation, énaction
  • Beteiligte: Auchlin, Antoine [VerfasserIn]
  • Erschienen in: Intellectica. Revue de l'Association pour la Recherche Cognitive ; Vol. 68, n° 2, pp. 99-122
  • Sprache: Französisch
  • DOI: 10.3406/intel.2017.1860
  • ISSN: 0769-4113
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  • Schlagwörter: Enaction ; shared language experience ; prosodic dimensions ; interaction ; Énaction ; dimensions prosodiques ; expérience langagière partagée ; article
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  • Beschreibung: Dans cet article, je souhaite discuter la mesure dans laquelle la prosodie, ou mieux, les prosodies (suivant Firth 1948) contribuent de façon singulière et spécifique à l’énaction, à différents niveaux de clôture opérationnelle. D'un côté, les prosodies (accentuations et leurs localisations, mélodie et ses variations, débit, ...) sont liées à la parole dans l''échange de façon non-éliminable, contrairement à la gestuelle, par exemple. Entendre de la parole implique d'entendre des syllabes, leur hauteur, leur intensité, et leurs variations ; cela n''implique pas de voir un visage ou des gestes (la dépendance langagière des appariements prosodies-gestes n''est pas en cause). Dans Simon & Auchlin (2004) nous décrivions les timings, indépendants les uns des autres, de paramètres prosodiques comme l'amplitude mélodique, la hauteur, l'intensité, le débit : les deux ou trois premières syllabes d''un tour de parole informent sur le genre du locuteur -de la locutrice, son âge, son engagement dans ce qu'elle dit, l'importance pour elle de son propos ou son intention. Le sens de l'énoncé complet n'est obtenu que bien plus tard. Le premier flux d'informations (prosodiques) encadre en quelque sorte le second (linguistique), qui peut, à sa complétion, intégrer ou non les informations prosodiques présentées. D'un autre côté, il faut noter que l'une des dimensions prosodiques de base, le débit de parole (i. e. parole articulée et pauses) est à proprement parler une dimension partagée par le locuteur et son auditeur : on ne peut pas entendre plus lentement, ou plus rapidement ce que le locuteur articule. Certes, interpréter consiste entre autres à poser des hypothèses anticipatoires, mais leur déclenchement n’en repose pas moins sur le déploiement temporel de la chaîne syllabique. Ceci est vrai également de tout observateur – analyste de discours, pour autant qu''il énacte ce discours (qu'il « entre dedans »), se transposant en participant virtuel de l'interaction à décrire. S'inscrire dans le maillage temporel de la parole en est une condition nécessaire. Cela peut sembler d''une évidence triviale. De fait, cela n''a guère attiré l'attention des chercheurs jusqu'ici, à l'exception sans doute des interactionnistes (P. Auer, E. Couper-Kuhlen, F. Müller ; M. Selting ; J. Local, i. a.) qui décrivent avec minutie le jeu temporel des interactions verbales. Mais la posture théorique résolument descriptive de leur approche rejette toute conclusion théorique ou généralisation. Cette attitude leur demandant de décrire « objectivement » les événements de communication est contraire au positionnement phénoménologique d'une approche énactive, et à son inscription dans le paradigme du tournant épistémologique expérientialiste, tel qu''initié par Lakoff & Johnson (1980). Je présente quelques cas remarquables d’énaction prosodique de l'expérience de sens en cours. Je vise par-là à faire apparaître les contributions des prosodies aux processus dont ils alimentent la clôture opérationnelle

    Prosody, Experientiation, Enaction. The present paper wants to show the extent to which prosody, or best, prosodies, as Firth (1948) put it, contribute in their own and specific ways to enaction, at various levels of operational closure. On the one hand prosodies (stress, accent, melody) are linked to speech and exchange in a non-escapable fashion, as opposed to gesture for example. Hearing speech implies hearing syllables, tones, intensity variations ; it does not imply seeing face or gesture (though one may object the language-dependency of prosody – gesture pairings). Simon & Auchlin (2004) described the independent timings of parameters, such as pitch range, height and intensity, speech rate : the first two or three syllables of speech alone inform on speaker sex, age, mood, investment in speech, importance of speech for her, or intentionality ; the meaning of the whole utterance is obtained much later, thus the first flow somehow frames the second which, in turn, may allow blending with previously accessed information. In that way, linguistic meaning incorporates prosodic manifestations. On the other hand, one of the most basic prosodic dimensions, namely speech rate (articulation rate + pauses) is properly speaking a shared dimension between speaker and hearer : no one can hear slowly, or more rapidly than the speaker speaks. Speech rate is properly un-escapable, or necessarily shared dimension in dialogue. Indeed, interpreting is constantly anticipating – but anticipations timing still depends upon speech rate. Note that speech rate is also un-escapable for the observer, provided (s) he enacts the discourse, turning herself into a participant in the piece of interaction (s) he wants to describe (Auchlin, 1999). Sharing the temporal grid, i. e. entering it, is essential to such participation. This may sound like a piece of trivial evidence – it did not attract much attention up to now. Indeed, interactionists'' work (P. Auer, E. Couper-Kuhlen, F. Müller ; M. Selting ; J. Local, i. a.) precisely describe verbal interactions'' ballet temporality. Yet, their descriptive claim, which constrains empirical work, deliberately rejects any kind of theoretical conclusion or generalization ; and their need to ''objectively'' describe speech events firmly contradicts what is mandatory for the enactive approach, namely the epistemological experientialist turn, first posited by Lakoff & Johnson (1980). The present paper examines a couple of emblematic cases of prosodic enacting meaning experience that should contribute to grounding the concept, both on its epistemological and its empirical sides.
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